Le jeûne de Ramadan: الصّيام

Allah l’Exalté dit : O croyants ! Le jeûne vous a été prescrit comme il le fut à ceux qui vous précédèrent, ainsi atteindrez vous la piété [2;183]. 

Ce verset révélé à Médine, la deuxième année de l’Hégire, instaure l’obligation, pour les croyants, de s’abstenir, pour Allah, de manger, de boire et d’avoir des relations conjugales, chaque jour du mois de Ramadan, neuvième mois lunaire, depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil. Le jeûne de ce mois est le quatrième pilier de l’Islam, qui vient immédiatement après la prière et la zakat, comme le  mentionne le hadith rapporté par Al Boukhari.

La première condition d’acceptation du jeûne est d’avoir l’intention de l’accomplir par pure obéissance à Allah, pour Le satisfaire, dans l’espoir d’obtenir Sa récompense et  de se voir purifié de ses péchés. Le jeûne de Ramadan n’est pas valide s’il est  accompli par simple imitation de sa famille, de son peuple ou de ses amis. Le  croyant doit donc, avant le jeûne obligatoire de Ramadan, formuler, en lui-même  ou au sein de ses invocations, son intention de l’observer pour plaire à  Allah. 

Par ailleurs, l’individu doit être sain d’esprit et pubère. La personne atteinte de folie et les jeunes enfants ne sont pas concernés par cette prescription, même s’il est recommandé d’y habituer ces derniers. Les femmes n’ont pas le droit de jeûner, durant leur période menstruelle et durant leurs lochies, et rattrapent sans tarder les jours manqués dès qu’elles le peuvent, le plus tôt étant le mieux. Celui qui tombe malade ou qui voyage est également autorisé à reporter à plus tard ses jours de jeûne. De même pour la femme enceinte et celle qui allaite si elles craignent pour la santé de leur enfant. Il est, dans ce cas précis, préférable qu’elles accompagnent le rattrapage des jours manqués par une aumône expiatoire, si elles en ont les moyens. La personne  âgée et celui qui souffre d’une maladie chronique, tels qu’ils sont incapables  de jeûner, ne sont pas astreints à ce commandement, mais doivent dans la mesure  de leurs moyens, compenser chaque jour de jeûne en nourrissant un  nécessiteux.

Comme durant le reste de l’année, et plus encore durant le mois de Ramadan, le croyant se doit de préserver ses organes de ce qu’Allah n’aime pas et de ce qu’Il a interdit, de peur que cela n’altère son jeûne, qu’Allah n’accepte pas son œuvre, et que son effort soit vain . En effet,  le Prophète, que le salut et la paix soient sur lui, dit : 

Le jeûne n’est  interrompu que si la personne mange, boit, ou a un rapport conjugal. Le non  accomplissement conscient de l’une des prières obligatoires dans son temps invalide le jeûne selon l’avis du compagnon Ibn Massoud. Ce qui sort du corps sans qu’on l’ait provoqué ou voulu n’annule pas le jeûne. Rentre dans cette catégorie, le vomissement involontaire, le saignement, ou l’émission séminale due à un rêve. De même, n’annulent pas le jeûne, ce qui est appliqué sur le corps et qui n’a pas vocation à le nourrir, comme la pommade, le parfum, lekhôl, les gouttes nasales, les produits capillaires. La piqûre non nutritive, la  prise [d’une petite quantité] de sang pour analyse, la sortie de liquide pré-spermatique, l’absorbation involontaire de quelques gouttes d’eau lors des ablutions, l’inhalation de solutions par aérosol pour les asthmatiques n’annulent également pas le jeûne.

Cet exercice spirituel apprend à maîtriser son corps et son  âme concupiscente, à désobéir aux passions, et à se contenter du peu. Il permet  de surcroît, de renforcer le lien qui unit entre eux les croyants, leur faisant  partager l’épreuve de la faim, la joie de la rupture du jeûne et de la  célébration de l’Aïd. L’accomplissement des bonnes œuvres est facilité, durant  ce mois, à qui veut faire le bien ; tandis que la pratique des péchés est rendue  plus ardue au jeûneur qui serait tenté de faire le mal. 

Le jeûne donne évidement des fruits dans l’Au-delà Le Prophète, que le salut et la paix soient sur lui, dit : Toutes les bonnes œuvres des fils d’Adam verront se multiplier la valeur de leurs récompenses. La  bonne action sera rétribué de dix à sept cent fois. Allah dit : Exception faite  du jeûne, qui M’appartient, et c’est Moi qui en fixerait la récompense. Il a  délaissé ses désirs, sa nourriture, et sa boisson pour Moi. Le jeûneur a deux  instants de joie, le premier lorsqu’il rompt son jeûne, et le second lorsqu’il  rencontrera son Seigneur. L’haleine du jeûneur est plus agréable pour Allah que  l’odeur du musc [Mouslim].

La prière nocturne appelée communément Tarawih est de mise durant ce mois sacré.  Elle peut être accomplie en onze ou treize raakats comme le faisait le Prophète,  en vingt comme l’avait institué le Calife Omar, ou en plus de raakats comme le  faisaient certains pieux des premières générations  Quant à l’invocation dite de Qounout à l’issue de la  prière, elle est une Sounnah, que l’on peut accomplir certains jours. La  retraite spirituelle à la mosquée et la recherche de la nuit d’al Qadr sont très  recommandées lorsqu’arrivent les dix derniers jours de Ramadan.

 La première des deux ne dure  qu’un seul jour et marque la fin du mois de Ramadan. La seconde dure trois  jours, du 10 au 13 du mois de dhu-al-hijja, et clôture une période de dix jours  durant lesquels les croyants retroussent leurs manches et redoublent d’effort  dans leur culte à Allah le Très Haut. Durant ces deux périodes de fêtes, il est  formellement interdit de jeûner. En effet, elles doivent être des périodes de  joie, de distraction, et de repos. En aucun, elles ne doivent être une occasion  d’oubli.Le Calife Omar Ibn Abdel Aziz récitait des vers  devenus célèbres, que nous traduirons approximativement : Ce qui en l’aïd nous  réjouit, ce ne sont pas ni nos nouveaux habits, ni des plats exquis, mais plutôt  de sentir notre obéissance [à Allah] grandie. Car c’est un moment où le croyant  regarde l’œuvre qu’il vient d’accomplir, et remercie à Allah qui l’y a guidé  : Louange à Allah qui nous a guidé à cela, nous n’y aurions été guidé  sans qu’Allah ne le veuille… [7;43]. Après une période où le musulman a  exprimé sa foi à travers la patience, dans la fatigue et la faim, il se repose  un jour ou deux, reprend des forces, et remercie à Allah ; puis repart à la  course aux bonnes œuvres et à la recherche de l’Au-delà.


 Il est  souhaitable en ce jour d’offrir des cadeaux à ses enfants, de se parer de ses  plus beaux habits, de pardonner à ses frères et de visiter ses proches parents. Et Allah sait mieux !  

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